COMPTE RENDU DE LA SEANCE DU 28 MARS 2008
Nous avons effectué hier une petite balade autour de la zone
agricole, se forçant à suivre ses limites, et s’infiltrant un peu à
l’intérieur, non sans encrotter nos chaussures…
Le projet doit s’appuyer sur l’existant, révéler ce qui
existe déjà, redonner du sens, proposer un paysage retrouvé, ou proposer un
nouveau paysage…
Nous avons été touchés par les éléments qui marquent le
paysage :
L’alignement d’arbre, sur la route centrale surélevée, crée
une direction, des cadres pour le paysage, et si l’on s’en éloigne, une ligne,
véritable filtre visible quasiment de partout.
Les jardins ouvriers sont remarquables par la finesse de
leurs aménagements. Un vieux sommier devient porte, chaque centimètre est
étudié avec soin, c’est un espace empreint de poésie, qui respire le savoir
vivre ensemble. Ils gagnent à être mieux disséminés, et plus accessibles.
Le relief est extrêmement important : d’où que l’on
soit, on domine, ou au contraire la vue se réduit. Les champs bombés cachent
les horizons proches, et ainsi l’espace gagne en taille. Il s’agit d’un
véritable projet architectural : il ne faut pas tout offrir de suite, mais
jouer en finesse, cacher pour dévoiler… des espaces différents selon la
position.
Les chemins de campagne, accès pour les véhicules
agricoles, sont utilisés par les riverains, bien que leur maillage manque de
cohérence. Ils soulignent la forme des parcelles cultivées, créent de grandes
courbes dans le paysage. Parfois, ils sont entourés de végétation basse, et
gagnent ainsi en qualité.
Les arbres solitaires sont peu nombreux, et isolés des
accès. Les zones boisées sont plus majoritaires : simples rideaux végétal,
elles orientent la vue. Plus larges, elles sont traversées de sentiers,
et de déchets… mais créent du paysage…
Les clochers sont visibles partout, on en dénombre 4 voire
5. Ils sont porteurs d’un imaginaire immuable, quasi bucolique et peuvent être
le point de départ d’un tracé de sentier. Au sud, c’est la physionomie des brasseries qui est porteuse de repère.
Côté Brumath, eh bien, c’est plus difficile. La cité doit être le point de
départ d’un paysage réconcilié, tout est à créer du côté de la ZAC.
Le front bâti est très divers : si on avait à le
classer, il y aurait les lotissements rive gauche/rive droite ; le
lotissement rive droite étant un pastiche de village alsacien pas si mal. Au
Sud-est, le front bâti SNCF, splendide mal visible, bordé de jardins
ouvriers et résidences ignobles. Au Nord, un front bâti dense style « bord
de mer », tout neuf et fait en une fois… Au Nord-ouest, rien, sinon
des arrières de cubes, puis des maisons assez belles, des murs cachant
des activités. Au Sud-ouest, des lotissements, et une cité. Au Sud, le
front bâti est quasiment illisible : terrain de foot, église,
école, jardins ouvriers, friche, décharge, cimetière… Il est difficile de
comprendre ou la zone s’arrête.
Penchons nous maintenant vers le sol… pour aller au…
ciel, principal patrimoine. Quand l’espace au sol est vaste, alors le ciel
aussi : il se découpe sur les grands horizons, comme la Forêt Noire
enneigée.
Ce constat nous pose quelques questions.
On ne peut penser l’aménagement local sans entrevoir sa
répercussion sur le grand paysage : aménager la zone centrale requiert de
passer sans cesse d’une échelle à une autre.
Nous sommes toutefois convaincu qu’il y a quelque chose à
chercher du côté des questions ouvert/fermé, caché/visible, en ce qui
concerne le grand paysage. Cela engage donc l’aménagement des bordures mais
aussi du centre.
Les sentiers ne doivent pas hésiter à utiliser les courbes,
les grands repères paysagers, l’effet de surprise, les « bouts du
monde » causés par le relief. Permettre aux hommes de voir le monde pour
la première fois…
Il est hors de question de construire la zone centrale, il y
a du terrain partout, tout autour, de remarquables friches à Bischheim, des
concessionnaires entourés d’espaces vides. Ce sera un espace mixte qui
conservera et consolidera sa vocation agricole (il fournit trois emplois) ce
sera un espace réservé aux modes doux. Il nous faut maintenant étudier
les « besoins éventuel en déplacement, savoir quoi relier avec quoi.
Espace mixte, il offrira des espaces verts « soft » aux habitants,
appropriable ou non. L’enjeu du maintien de l’agriculture impose de gérer la
limite entre le passage de l’homme et la terre agricole : éviter les
vols d’artichauts, les déchets le long des voies de passage…
Les accès : certaines routes peuvent être directement prolongées,
par des sentiers, mais il faut alors prévoir la requalification de ces
routes afin que l’accès ne soit pas brutal. Un tour de zone peut être envisagé,
en finesse (parcours de santé). Penser à toute les générations et leurs
différentes activités : joggeur, promeneurs, joueurs de foot, cabanes pour
les gosses, places végétales pour les mamies, solarium.
Le cadrage du lointain, la qualité au premier plan
Découper le ciel…
Horizontalité et urbanité, montrer ou cacher?
Des coupures vertes à respecter, synonymes d’identité
Nous voulons éviter l’aménagement brutal : bancs
dégelasses, trop « fashion », lampadaires à gogo, mazout, conserver
l’aspect campagne, soft, et créer un aspect sanctuaire autour des cimetières,
espaces clos, ou ouvert ?
A l’Est de la zone à vocation agricole, se trouve une grande
zone industrielle, enclavée entre des routes, des voies ferrées, et bordée par
des clôtures.
On observe quelques poches vertes, le trafic ferroviaire est
faible, le terrain semble gaspillé, car les voies occupent un maximum de place
pour une utilisation très faible voir inexistante.
Les bâtiments industriels présentent cependant une certaine
qualité, la plupart sont en pierre locale, avec de grandes ouvertures, ils
viennent couvrir des portions de voies, atteignant parfois plusieurs centaines
de mètres. Ce complexe constitue une véritable coupure physique et visuelle,
d’autant plus qu’il est très large.
De ce fait les liaisons entre l’Est et l’Ouest sont quasi
inexistantes et ne se font que par l’intermédiaire de ponts et de passages à
niveau, qui ne laissent pas beaucoup de place aux piétons, on imagine mal
comment perméabiliser cette zone jonchée de bâtiments, de rails, de carcasses
et de déchets en tous genres.
De part et d’autre de la zone ferroviaire se trouvent
essentiellement des lotissements de maisons individuelles et d’habitats
collectifs exempts d’équipements et de commerces.
L’enjeu ici est de créer des connexions, et en définitive,
de relier l’Est et l’Ouest. On ne pourrait se contenter de quelques ponts ou
passages à niveaux supplémentaires. Le seul fait de créer des liaisons
aériennes ou sous-terraines semble insatisfaisant.
Cette zone de scission toute entière pourrait devenir un
espace de liaison, comme une bande verte possible accueillant des commerces, de
l’équipement, des espaces de loisir articulés autour de l’eau (projet de créer
un bras d’eau supplémentaire au canal de la Marne au Rhin). Les espaces piétons
et publics y trouveraient une place digne de ce nom.
Donner un visage moins repoussant à la zone d’industrie
ferroviaire, faire en sorte que les riverains ne se sentent pas obligés de se
protéger dans leurs voitures quand ils veulent traverser les rails :
réduction de la barrière mentale.
L’idée générale est de créer un cadre de qualité pour les
riverains, répondre au besoin de logements dans une zone attrayante intégrant
des espaces publics, des équipements, du commerce…