En règle général, on cite souvent l’Allemagne et les pays
scandinaves en exemple en matière de maîtrise du HQE, du développement durable,
et plus globalement, de l’écologie et du souci de la planète. Les trois
secteurs parcourus, le Loretto et le quartier français à Tübingen, ainsi que
quartier de Scharnhaüser Park à Stuttgart, sont très représentatifs de cette
préoccupation accrue pour l’environnement. On n’y remarque pas d’effet de
« zoning » comme souvent en banlieue française, mais une mixité
relative, les voitures passent au second plan, au profit des modes de
déplacement doux, il y a le moins possible d’espaces extérieurs privés et
fermés, les cœurs d’îlots sont ouverts, accessibles à tous, et majoritairement
très verts… Serait-ce rêver que de s’imaginer qu’un jour de tels quartiers
prendront ancrage en France, délogeant de ce fait les lotissements
pavillonnaires fermés, aux ruelles en cul-de-sac et aux maisons grillagées,
surveillées ?
SCHARNHAUSERPARK
Situé dans la grande périphérie de la ville de
Stuttgart, le quartier de Scharnhauserpark occupe le site d’anciennes
casernes, accolées à une zone d’habitation. Le paysage est constitué de gros
bourgs, distants les uns des autres, disséminés sur de petites collines.
Le quartier, bordé de presque tous cotés par des zones
agricoles, s’inscrit dans le grand paysage, comme un espace fortement bâti,
au cœur d’un vide.
Le quartier de Scharnhaüserpark favorise les modes de
circulations doux. La place dédiée à l’automobile est régulée et
organisée : le stationnement, s’il n’est pas souterrain ou en silo,
s’inscrit dans un écrin végétal. De même, il est plus pratique de balader à
pied ou à vélo qu’en voiture, les voies de circulation automobile se terminant
souvent en cul de sac.
Au sein du quartier Scharnhauser Park, on dénombre
différents types de bâti. La majorité de ce quartier est constitué de bâtiments
résidentiels, il n’y a que très peu de constructions administratives,
commerciales, ou accueillant de l’activité tertiaire. Elles sont au Nord, en limite de quartier.
Les grands ensembles de ce quartier n’ont rien de comparable
avec ceux rencontrés habituellement, ils se glissent parmi de petits collectifs
(principalement les anciennes casernes réhabilitées), ponctuant ainsi le
secteur Nord.
Entre les petits collectifs, l’espace change de visage à
mesure qu’on avance. On remarque généralement une alternance minéral/végétal, parkings/pelouse, jardinets
privés, fils pour étendre le linge, jeux pour enfants,…
Au Sud du quartier il y a un groupement de maisons
individuelles en bande, de tailles et configurations différentes. La plupart
ont un jardin, certaines sont un peu plus conséquentes et accueillent deux
familles,… Le stationnement est géré par des parkings souterrains, ou par des
espaces en bout de rangée. Les locaux à poubelles sont peu visibles, de la même
façon que pour les petits collectifs, certains sont des cages qui bientôt
seront recouvertes de plantes, certains sont de petites cabanes de bois.
Cette partie du quartier accueille également la chaufferie
au bois qui l’alimente.
Récupération des eaux pluviales de manière
systématique puis acheminement par l’intermédiaire d’égouts, vers des bassins
de rétention, quand l’infiltration de celles-ci
n’est pas facilitée par des traitement au sol de type brique alvéolées,
gazon, pavés . Les toitures terrasses en
grand nombre permettent également d’en absorber une partie.
Obligation de réaliser des constructions à basse
consommation d’énergie (50kwh/m²/an), par le biais de dispositifs utilisant
ou captant des énergies renouvelables , telles que la géothermie, les capteurs
photovoltaïques, les chauffe-eau solaires, et en facilitant les apports
solaires naturels (solaire passif). Une chaufferie collective est également
présente, elle fonctionne avec des
déchets de bois. Toutes ces solutions ont aussi l’avantage de limiter la
pollution, du moins dans l’usage. L’isolation ainsi que les vitrages des
bâtiments répondent également au même
souci d’économiser l’énergie en limitant les déperditions thermiques.
Une politique de transports en commun efficace, avec
des arrêts à moins de 500 mètres des habitations les plus éloignées, permet
aux riverains de rallier la ville
de Stuttgart en 20 minutes. Pour juguler
les aspects nocifs de l’usage de la voiture, les places de parking sont
limitées à une place par logement.
TUBINGEN
Le quartier français et le quartier du Loreto sont situés en
bordure de la ville de Tübingen, accolés à une colline qui marque la fin de
l’agglomération. La couture à la ville existante est remarquable, quasi
indicible. Le quartier s’inscrit dans le grand paysage, de par la colline qui
le surplombe. Nature, centres, animations s’entremêlent avec talent.
La voiture est bannie ou presque de ces deux quartiers, ce
qui a pour conséquence d’offrir beaucoup d’espace public. Places couvertes,
rues calmes, cœurs d’îlots verts,… L’espace est complexe, différent, d’une
grand qualité. Les lieux centraux sont difficiles à définir, car la centralité
est générale, répartie. Peut-être l’usage définira-t-il de vraies centralités
au long terme, par le regroupement de commerces spécifiques. La construction en
îlot limite le nombre de venelles, mais crée des passages couverts, des cours..
On aime beaucoup.
L’espace public n’existerait pas sans l’espace construit qui
l’environne. Celui-ci, de grande valeur, participe à la qualité de l’espace
public, qui, en retour, par son calme, met en valeur les constructions.
On observe plusieurs types d’îlots , cependant ils
ont en commun un caractère relativement fermé (typologie en
U, en C , et même fermés), et présentent tous un cœur d’îlot public. En effet,
les terrains qui constituent celui-ci sont privés, mais il a été convenu d’en
faire des espaces accessibles à tous,
(jardins publics, aires de jeu,…). Les îlots
créent entre eux des espaces tampons, qui sont des lieux publics, offrant
une grande diversité d’utilisations. Ces derniers sont en communication avec
les cœur d’îlots.
Les îlots sont parfois constitués de maisons individuelles
de type R+1, le plus souvent de petits
logements collectifs de type R+2 à R+6,
et parfois les deux sont mélanger.
Les constructions
sont lésées à l’initiative des
futurs habitants qui sont organisés en
coopératives de construction, en fonction de leurs besoins spécifiques. D’autre
part, les habitants ont pour obligation de réserver le RDC aux activités. Tout cela va en créant une mixité des types de bâtis, des
groupes sociaux , des activités
(commerciales ,sociales, culturels).
Les espaces non publics sont des espaces d’appropriation par
les riverains, ouverts et accessibles à tous. En cœur d’îlot, à l’endroit où en
France on ne peut souvent voir que cours et jardins privatifs, se trouve ici un
vaste espace, semblable à un square, parsemé de jeux pour enfants, bancs,
arbustes, fleurs,... Le cœur de chaque îlot est en fait une petite intériorité
à ciel ouvert, où tout le monde peut
venir se soustraire au bruit des véhicules. Au pied des immeubles, se
trouvent quelques fois des jardinets symboliquement clos, réservés aux
occupants du rez-de-chaussée de l’immeuble, qui y mettent barbecues,
sculptures, jouets, plantes,… De manière globale, qu’ils soient publics ou non,
les espaces extérieurs sont accueillants, et souvent gorgés de verdure et
équipements incitant à l’échange et à la convivialité, au « vivre
ensemble ».
La requalification des anciennes casernes, la présence de
logements, de commerces, d’équipements, ainsi que d’activités, le tout organisé de manière à créer un quartier
dense, palie à l’étalement urbain, et
permet ainsi de limiter les
déplacements. La voiture n’étant pas nécessaire, celle-ci est donc exclue des
îlots, dans des parkings silos. Ainsi, on économise de la surface au sol.
La perméabilisation des sols est systématique, exceptées
quelques voies destinées aux voitures. On observe l’emploi de toitures
végétalisées et de matériaux à priori
écologiques, comme le bois. On
remarque une présence forte de la
végétation.
CONCLUSION : Cette visite, au cœur des quartiers à
prétentions écologiques de Stuttgart et de Tübingen, nous a été très bénéfique
quant à notre position par rapport au quartier que nous étudions. En effet,
nous avions dans l’idée que le quartier Nord de Strasbourg pourrait devenir un
lieu ayant la même vocation, et d’autant plus accueillant et convivial qu’il
possède déjà un potentiel de verdure, et un certain potentiel urbain. Par ailleurs, il nous a paru sur place que la
vie dans ces quartiers était plus sereine, les gens semblent se faire
mutuellement confiance, laissent traîner des objets sur les pelouses,… Cela
conforte l’idée notoire que le renforcement de la sécurité d’un lieu augmente
la crainte de ses habitants…